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1815, Cherbourg en état de siège avant le retour de la paix.
Cherbourg et Napoléon, mort il y a 200 ans. Un thème aux mille explorations possibles aux Archives municipales grâce à la grande richesse des fonds de Cherbourg.
Décembre 1805 - Bataille d’Austerlitz : l’empereur et son armée, grâce à une stratégie audacieuse, mettent en déroute des forces supérieures aux leurs, les armées russes et autrichiennes. Mais les Français connaîtront dans les années qui suivent, d’autres guerres, une 1ère abdication de Napoléon en avril 1814, sa reconquête du pouvoir lors des Cent Jours puis sa seconde abdication en 1815.
Décembre 2021, 216 ans plus tard : les Archives municipales vous invitent à découvrir comment le retour à la paix s’est passé pour les habitants de Cherbourg après l’exil de Napoléon à Sainte-Hélène en 1815.
Occupation prussienne en Normandie de 1815 à 1818, Cherbourg bloquée mais épargnée.
Après la défaite de Napoléon à Waterloo, le 18 juin, la « Belle Alliance », une coalition réunissant notamment l'Angleterre, la Prusse et l'Allemagne, impose le retour de Louis XVIII sur le trône de France.
Année 1815. N° 3. «Officiers de l'Armée Prussienne» : [estampe], de Godefroy, Adrien (1777-1865). Graveur, Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, RESERVE QB-370 (74)-FT 4
Pour lui permettre d'asseoir son autorité, les troupes de la coalition décident de stationner en France. Le roi promet que cette occupation sera pacifique. Mais l'annonce de l'arrivée imminente de cette troupe d'occupation terrifie la population. Dans la Manche, 15 000 soldats prussiens sont déployés entre Coutances et Cherbourg du 9 août au 24 septembre 1815.
Les municipalités se font le relais des autorités militaires françaises et étrangères pour assurer le calme et gérer l’entretien des troupes.
Cherbourg : une politique du calme avant tout déjà lors de la 1ère abdication de Napoléon en 1814.
AM, 1I20, Lettre ouverte en soutien au retour à la royauté signée des notables de Cherbourg, 11 avril 1814.
Calme d’autant plus difficile à maintenir dans cette succession rapide de gouvernement et de loyauté entre mars et juillet 1815.
1-Archives municipales,1I20, Affiche racontant le retour de l’Empereur, le 24 mars 1815.
2 – AM, 1H20, Affiche de la préfecture de la Manche, retour du roi Louis XVIII à Paris, le 8 juillet 1815.
1815 – L’état de siège
Pendant les Cent Jours, Cherbourg, place d’arme d’importance, est confiée au général Proteau, fidèle de Napoléon. La ville passe en état de siège. Malgré le changement de souverain suite à la 2eme abdication de Napoléon et l’appel du maire à se désarmer pour exprimer « l’attachement pour un roy qui leur apporte la paix », [Lettre du 12 juillet 1815 du maire de Cherbourg à Monsieur le Général Proteau chef supérieur militaire de la place de Cherbourg en état de siège, cote 360, AM Cherbourg-en-Cotentin.] le général maintient le déploiement des barricades, l’armement des forts et la surveillance contre les troubles de toute sorte.
L’idée est autant d’assurer la sérénité de la population au milieu des tumultes politiques rapides que de protéger le territoire de la Patrie des armées soi-disant « Alliées » mais occupantes.
AM, 4H2, Cent jours, mobilisation des ouvriers pour travaux dans la place d’armes dont barricades, 21 août 1815, page 1.
Arrivée des Prussiens et désarmement des habitants de la Manche
Grâce à ces nombreux préparatifs, le général Proteau obtient la signature d’une convention avec les officiers prussiens, interdisant l’occupation de Cherbourg. Pour éviter les confrontations, il accepte le désarmement des habitants.
AM, 2H36, Ordre des officiers prussiens occupant la Manche après les Cent Jours, 16 août 1815
« Suivant les ordres de Son Altesse Sérénissime le Prince de Blucher de Wahlstadt, toutes les gardes nationales et tous les habitants des départements et arrondissements occupés par les troupes prussiennes doivent être désarmés ;
En conséquence, j’ordonne que toutes les gardes nationales et tous les habitants de l’arrondissement de Cherbourg, déposeront leurs armes à feu à Valognes
Ceux de
Valognes à Valognes
Coutances à Coutances
Carentan à Carentan
Avranches à Avranches
St Lô à St Lô
Où les commandants des dites places ont ordre de les recevoir.
Chaque propriétaire attachera son nom à l’arme à feu qu’il déposera.
Il faut que toutes les armes soit déposées dans les dites villes jusqu’à ce 22 du courant au soir.
Tout individu qui cachera une arme à feu sera traduit devant un tribunal de guerre, celui qu’on trouvera armé sera fusillé.
Messieurs les sous-préfets et les maires sont invités à donner la plus grande publicité à cet ordre.
A mon quartier général de Coutances, le 16 août 1815. Signé de Katzeler, général major et commandant en chef de brigade »
Le maintien du calme à tout prix
La municipalité organise les réquisitions et surveille les rumeurs de pillage ou d’abus des Prussiens :
AM, 4H1, Cent jours, rappel des mesures de conciliations à adopter face aux armées étrangères « «alliées » par le sous-préfet de Cherbourg, le 19 août 1815.
L’autorité militaire veille à étouffer dans l’œuf toutes manifestations dissensieuses pour éviter l’intervention des troupes étrangères.
« [On m’informe que] des particuliers de Cherbourg se permettent chaque jour des cris de Vive l’Empereur et qu’ils vont chanter dans les rues des chansons opposées au gouvernement actuel. [Je dois faire parvenir à la connaissance de vos concitoyens que…] s’il en existait encore qui regrettâmes le gouvernement que nous venons de quitter, il n’est pas douteux que le maintien de la tranquillité publique, et leur réflexion par le gouvernement paternel du roi et les consolations qu’il promet à la France après autant de désastres ne les ramènent à des sentiments d’attachement à sa Majesté et de dévouement à la patrie.
Veuillez donc bien faire connaitre par un banc publique que tout cri autre que celui de Vive le roi est séditieux et qu’on ne doit entendre aucun propos ni chanson tendant à troubler l’ordre public. »
AM, 4H2, Lettre du général Proteau, maréchal de camp, Commandant supérieur de la place d’arme de Cherbourg au maire de Cherbourg, le 19 juillet 1815.
Finalement, l'armée prussienne rebrousse chemin dans la nuit du 23 au 24 septembre, après quarante jours de face-à-face, rappelée pour se rassembler en Haute Normandie jusqu’en 1818. « Il n'y eut pas un coup de canon tiré et pas un homme tué : jamais blocus ne fut plus paisible » s’exclame Voisin-la-Hougue dans « Histoire de la ville de Cherbourg » paru en 1835.
AM, IH20, Lettre du maire de Cherbourg détaillant le programme des fêtes dédiées à Marie-Antoinette, organisé pendant le blocus prussien, août 1815.
Cherbourg s’adapta en douceur, la mairie continua même pendant cette période à programmer des fêtes publiques.
Ainsi, comme si le retour de Napoléon n’avait jamais au lieu, l’atmosphère en septembre 1815 fut aussi tranquille qu’en avril 1814.
AM, 2H36, Affiche publiée le 11 avril 1814 en Normandie lors du retour de Louis XVIII, après la guerre de la 6eme Coalition et l’abdication de Napoléon le 6 avril 1814.
Pour sûr, il existe le calme normand !
A télécharger : les anciens Voyage dans le temps
Coordonnées
Archives municipales de Cherbourg-en-Cotentin
9 rue Paul Talluau
50100 Cherbourg-en-Cotentin
Lundi de 13h30 à 18h. Jeudi de 13h30 à 17h.