Dernière mise à jour : 08/01/2024

ETRANGES CITES DE NICOLAS DE CRECY du 16 juin au 15 octobre 2023

En 2023, la 11e Biennale du 9e art consacrée à la bande dessinée, au roman graphique et à l’illustration a offert une carte blanche à Nicolas de Crécy, figure majeure de la nouvelle bande dessinée.

En trois décennies, Nicolas de Crécy a imposé une oeuvre singulière et exigeante, étrange et décalée. Il s’est fait connaître du grand public par la série Léon la Came, qui a obtenu le prix du meilleur album au festival d’Angoulême en 1998, ou par son album sur le musée du Louvre, Période Glaciaire, en 2005.

En parallèle à la réalisation d’une quarantaine de livres de bande dessinées ou d’illustration et à quelques incursions dans le dessin animé, Nicolas de Crécy a développé un important travail graphique, enrichi par les techniques variées qu’il explore : gravures, fusain, aquarelles, huiles. Cette production a fait l’objet d’expositions en galeries ou centres d’art contemporain. L’exposition présentée l'été dernier au musée Thomas Henry a abordé ainsi l’oeuvre de Nicolas de Crécy sous l’angle des atmosphères urbaines.

UN PARCOURS QUI INVITAIT AU VOYAGE

La centaine d’oeuvres sélectionnées sur le thème du surnaturel urbain s’articulait en cinq séquences distinctes.

En ouverture, New-York-sur-Loire. Cité surréaliste, mégapole imaginaire, improbable combinaison entre le gigantisme américain et la splendeur des châteaux de la Loire, devenue une protagoniste à part entière dans l’univers de l’auteur. Au fil du temps, Nicolas de Crécy a exploré cette fiction architecturale dans le cadre de diverses expositions ou éditions spécifiques.
La suite du parcours proposait une vision fantasmagorique de Kyoto et Tokyo, ville high-tech s’il en est, peuplée de Yôkai, ces esprits facétieux et inquiétants du folklore japonais, que l’auteur, inspiré par les grands maîtres de l’Ukiyo-e, a réintroduit dans un univers urbain contemporain. La séquence suivante était consacrée à la place de la nature dans la ville
ou, à l’inverse, à l’inscription de l’architecture dans le paysage à travers une sélection d’images dédiées au dialogue nature/culture. Ces paysages imaginaires, transpositions d’éléments architecturaux dans des décors sauvages, ou au contraire, intrusions inopinées de la végétation parmi les constructions, s’avèrent de véritables recompositions métaphysiques à la manière d’un rêve lucide. Les pièces exposées dans cette section étaient inédites, fruit d’une recherche picturale traduite par une multiplicité de techniques : fusains, huiles sur toiles, aquarelles, acryliques. Une quatrième séquence explorait la ville de Mexico, par une approche presque documentaire. En effet, il arrive parfois à Nicolas de Crécy de mettre à distance son imagination pour mieux s’imprégner de l’étrangeté du réel. Dans ses carnets de voyages le dessinateur capte l’âme des villes, les ondes rémanentes de leur glorieux passé, les mythologies qui en émanent. C’est le cas de Mexico où le dessinateur a perçu la puissance des lumières et la singularité d’un urbanisme baroque.

UNE RESIDENCE CHERBOURGEOISE

Lors d’une résidence en octobre 2022 à Cherbourg-en-Cotentin, Nicolas de Crécy a arpenté les rues, les quais et les jardins de la ville afin d’appréhender le génie du lieu. La série de dessins aquarellés et de gravures taille-douce, produits sur le motif ou à l’atelier René Tazé à Paris, met en lumière le caractère insolite et contrasté de Cherbourg-en-Cotentin. Lors de son premier séjour dans ce port du bout du monde, Nicolas de Crécy, vierge de toute référence culturelle ou géographique, fut saisi par les discordances d’échelles et les associations saugrenues, le gigantisme des paquebots en escales, l’ampleur hors-norme de la rade artificielle et des équipements transatlantiques. Dans un autre registre, l’exotisme de ses jardins, les témoignages architecturaux de son passé cosmopolite, les fantômes des icônes hollywoodiennes en transit constituèrent autant d’inspirations subliminales.
La dialectique du réel et de l’imaginaire représente le fil rouge du périple muséal.
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Commissariat de l’exposition : Dominique Paysant, chargé de collections et d’expositions, Nicolas de Crécy.

Visuel : Cherbourg, place du général-de-Gaulle ©Nicolas de Crécy, 2022

Aux origines de la Biennale du 9e Art

En créant la Biennale du 9e art en 2002, Cherbourg-en-Cotentin s’est engagée dans une démarche novatrice : présenter au public des artistes majeurs de la bande dessinée à travers de grandes expositions thématiques.

La Ville a été l’une des premières à rompre les conventions en exposant la bande dessinée dans un musée des beaux-arts.

Initiée avec Bilal en 2002, puis Schuiten et Peeters en 2004, Juillard en 2006, Loustal en 2008, Hugo Pratt en 2009, Moebius en 2011 et Tardi en 2013, la Biennale du 9e art propose des expositions monographiques et thématiques qui explorent l’univers d’un grand nom de la bande dessinée, avec un questionnement, un scénario, une scénographie et un accompagnement pour le public. Jusqu’alors consacrée à des figures majeures de la bande dessinée européenne, la Biennale 2017 a initié un nouveau cycle sur la création américaine en dédiant la 8e édition à Winsor McCay, un tournant qui s’inscrit pleinement dans l’histoire transatlantique de la ville.

En 2017, la Biennale du 9e art est aussi devenu un festival d’art contemporain dédié à la bande dessinée mais aussi aux arts associés, créateurs d’univers graphiques. La bande dessinée demeure la matrice de cette nouvelle formule mais les jeux vidéo et autres modes d’expression numériques tiennent désormais une place importante dans la programmation, à travers notamment Les Voyageurs Immobiles, rencontres dédiées à la pop culture, organisées tous les deux ans, en clôture de la Biennale.

Localisation

Centre culturel Le Quasar - Musée Thomas Henry

Esplanade de la Laïcité
50100 Cherbourg-Octeville

02 33 23 39 33 - 02 33 23 39 30 (Service des publics, Espace presse, Visite groupe) - 02 33 23 39 54 (Service éducatif)

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Du mardi au vendredi de 10h à 12h30 et de 14h à 18h et samedi et dimanche de 13h à 18h

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