Cherbourg au Moyen Âge

Ce château, aujourd’hui invisible à nos yeux puisqu’il a été démantelé à la fin du XVII^e siècle, fut l’un des plus forts de l’époque médiévale.

La situation géographique de Cherbourg, au sommet d'une presqu'île longue de plus de 100 km et située à 120 km des côtes anglaises, lui confère une position stratégique en devenant une ville frontière, ouverte ou fermée suivant les époques, au gré des relations franco-anglaises.

Ainsi Cherbourg est une place forte, dotée d'un château, protégée au nord par la mer, à l'est par la Divette, au sud et à l’ouest par la forêt. Pour Froissart, chroniqueur de la guerre de Cents Ans, le château est « un des plus fortz chasteaulx de tout le monde et bien conforté de la mer de toutes parts ».

Le château est édifié sur le site d’un castrum construit par les Romains vers le IV^e siècle. Déjà décrit par Vauban lors de son inspection en 1680, les différents sondages ou fouilles archéologiques depuis 1977 confirment cette présence.

La date de son élévation n’est pas connue mais son existence est attestée en 1063 puisque Guillaume le Conquérant établit des chanoines dans sa chapelle.

A la fin de 1295 a lieu le premier raid anglais contre Cherbourg. Seul le château résiste. Il est considérablement renforcé au début du XIV^e siècle.

XIV^e siècle

Vers 1300-1314, Philippe IV fait entourer la ville et son château d'un mur d'enceinte bastionné, flanqué de 12 grosses tours et de fortifications qui seront remaniées et consolidées à plusieurs reprises, rendant ainsi la ville imprenable.

Pendant la guerre de Cent ans (1337-1453), la ville va changer 6 fois de souverain à la suite de transactions mais elle ne sera jamais prise par la force. Au début de la guerre, la ville est française. En juillet 1346, une armée anglaise débarquée à Barfleur assiège vainement le château de Cherbourg. En 1347 et 1348, le roi de France Philippe V fait exécuter de grosses réparations au château.

1354 : Philippe V offre Cherbourg à son gendre Charles de Navarre qui fait consolider et renforcer les fortifications et le château.

1378 : Du Guesclin assiège vainement Cherbourg et son château.

XV^e et XVI^e siècles

1450 : assiégée sans succès par les armées de Charles VII, la ville, défendue par son château, redevient française à la suite d'un accord financier négocié par Jacques Cœur, conseiller et argentier du roi.

Malgré quelques réparations et la construction de la tour « des Sarrazins » après le conflit, les fortifications et le château ne sont pas encore complètement réparés lorsque François I^er vient à Cherbourg en 1532.

Cherbourg est le théâtre de quelques épisodes des huit guerres civiles qui vont déchirer la France de 1562 à 1598. En raison de son importance stratégique, la ville est maintenue sous haute surveillance par le pouvoir royal qui consolide le château (1552) et y renforce sa garnison. A plusieurs reprises, les protestants, appuyés par les Anglais, tentent en vain de s'emparer de la citadelle de Cherbourg.

XVII^e siècle

Sous les règnes de Louis XIII et au début du règne de Louis XIV, un calme relatif règne, faisant négliger l'entretien du château et des fortifications.

En 1680, Louis XIV envoie Vauban inspecter les ports de la Manche, leurs accès et leurs défenses jusqu'à Saint-Malo.

En 1686, Vauban remet au roi un Mémoire relatif à Cherbourg. Il y propose de considérables travaux, dont une importante consolidation du château et une modification de l'urbanisation de la ville.

1687 : début du chantier. On y travaille la nuit et les fêtes et dimanches pour profiter des marées basses. Les travaux avancent rapidement.

Octobre 1688 : début de la guerre entre la France et la Ligue d'Augsbourg (1688-1697).

Décembre 1688 : ordre est donné d'arrêter les travaux de Cherbourg (réparation du château, édification de nouveaux remparts, aménagement d'un port, ...). Dissensions entre Vauban et Louvois.

Janvier 1689 : Louvois conseille au roi – et obtient - la démolition du château et des fortifications. Les causes invoquées sont la crainte d'un débarquement des armées du prince d'Orange : il faut éviter que la ville, très fortifiée mais faiblement gardée en raison de crédits insuffisants, ne tombe aux mains d'un ennemi qui pourrait s'y retrancher.

La démolition va durer trois ans et nécessiter une main d'œuvre très importante (environ 3 500 ouvriers).

1692 : le château est détruit. Cherbourg n'est plus une place forte.